Selon l'hebdomadaire "Le Canard enchaîné" de cette semaine dans un article intitulé "Areva à mauvaise mine", notre champion mondial de l'énergie nucléaire (dont l'Etat, le Commissariat à l'Energie Atomique et la Caisse des Dépôts et Consignations détiennient 87% du capital) pollue allègrement depuis des décennies un petit village du Cantal et son environnement proche.
Ayant exploité une mine d'uranium à ciel ouvert (1958-1981) et une usine d'extraction de minerai (1976-1985) sur la commune de Saint-Pierre-du-Cantal (Cantal), Areva abandonna au terme de son exploitation (certainement pour faire plaisir au 148 habitants de la commune) 605.147 tonnes de déchets radioactifs, sans avoir préalablement procédé au confinement de ces déchets.
Après de nombreux combats menés par des associations locales de défense de l'environnement et pour la protection des personnes, la chambre d'instruction de la cour d'appel de Riom (Puy de Dôme) a fini par mettre en examen Areva pour "abandon ou dépôt illégal de déchets contenant des substances radioactives et "pollution de l'eau".
Dans son communiqué du 1er juillet 2010, la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) dénonce le caractère très insuffisant des travaux entrepris par Areva pour abaisser l'impact radiologique de l'ancien site minier (à la lecture du rapport, on peut facilement comprendre que Areva se fout complètement de l'impact sur l'environnement de son ancien site, car pendant 25 ans rien n'a été fait). http://www.criirad.org/actualites/dossier2010/st-pierre/areva-mines.html
Le rapport de la CRIIRAD indique des taux de radioactivé 6 fois supérieur à la norme sur un terrain de football. sont également touchés : un plan d'eau, un lotissement, les abords d'un camping, un stand de tir et bien d'autres parcelles. Bien sûr tout le réseau des eaux souterraines est également pollué. Mais "Bonne nouvelle", la radioactivité devrait s'éteindre naturellement après 1 million d'années.
Areva a bien tenté de faire quelque chose : clotûrer une partie seulement de l'ancien site et propose d'apporter de la terre pour recouvrir en partie le terrain de foot, mais refuse d'effectuer toutes les autres opérations préconisées par la CRIIRAD.
Voilà donc l'Etat français qui refuse d'appliquer ses propres lois votées par le parlement représentatif des électeurs français. Voilà l'Etat français qui nous dit que nos centrales nucléaires sont les plus sûres du monde et nécessaires pour une énergie à petit prix, mais qui refuse par économie ou par ignorance aveugle de retraiter les déchets et les sites radioactifs. Certes la justice, au nom du peuple français peut condamner Areva (et donc l'Etat) pour "pollution de l'eau" (375.000 euros d'amendes au maximum) et pour une somme identique pour "dépôt illégal ou abandon de déchets". Une bagatelle pour Areva et une catastrophe pour cette région du Cantal. En France, 210 mines d'uranium ont été exploitées, les dernières jusqu'en 2001. Areva a été chargée par l'Etat de dépolluer et de réaménager l'ensemble de ces sites y compris ceux qui étaient exploités par d'autres entreprises. Espérons que le travail réalisés sur ces sites soit à la hauteur des préconisations de la CRIIRAD et non pas dans un état identique au site de Saint-Pierre-du-Cantal.
Mais ce qui dégoûte plus que tout, c'est le communiqué de Areva suite à sa mise en examen pour le site de Saint-Pierre-du-Cantal : "Nous regrettons la judiciarisation de ce dossier, surtout que nous ne sommes pas d'accord avec ce que l'on nous reproche. Mais nous retenons surtout, c'est que contrairement à ce que demandaient les riverains, nous n'avons pas été mis en examen pour mise en en danger de la vie d'autrui".
C'est quand même vrai que la justice va difficilement traiter l'Etat d'assassin, alors qu'il ne s'agit que "d'émanations cancérigènes"!!!
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Un extrait du rapport de la CRIIRAD indique : La présence de ces déchets explique que la concentration en radon 222 dans l’air intérieur de certaines de ces villas (gaz radioactif cancérigène) dépasse très largement les recommandations de l’OMS (100 Bq/m3) et le seuil d’intervention en urgence de 1000 Bq/m3 fixé par la réglementation française pour les Etablissements Recevant du Public. La CRIIRAD a mesuré en effet jusqu’à 5 000 Bq/m3 dans la chambre d’une des villas.
On notera que dans une habitation de même type construite à quelques centaines de mètres, sur un terrain non contaminé, les valeurs sont de 62 et 76 Bq/m3. Une fois de plus le soi-disant intérêt supérieur de la nation risque de prendre le pas sur la vie, mais il est temps d'arrêter cette course au mensoge permanent et à la recherche de profits ou d'économies aux détriments des peuples et des générations futures.
(image CRIIRAD)